Son Histoire
Baron Amand CHAURAND (1813-1896) Jean, Dominique, Amand Chaurand
est né à Lyon le 24 mars 1813. Descendant d'une très ancienne famille du
Vivarais implantée du XVe siècle à nos jours, sans solution de continuité, sur
le territoire de la commune de Payzac (Ardèche).
Après
ses études secondaires au "lycée royal" de Lyon (lycée Ampère), il
"monte faire son droit" à Paris en 1833. Il fréquente alors dans la
capi- tale d'autres Lyonnais connus: Brac de la Perrière, le peintre Janmot et
surtout Frédéric Ozanam, dont il devient l'ami: lorsque celui-ci créera la
Société de Saint-Vincent de Paul, Chaurand en sera l'un des premiers membres.
De
retour à Lyon en 1836, jeune avocat, il s'inscrit au barreau (il sera 'plus
tard doyen des avocats de la Cour d'Appel) et, en 1840, il épouse Julie
Serres,
fille d'un important négociant lyonnais. Or son beau-père avait acquis en 1827,
entre autres propriétés, le "Clos Delupée" à Saint-Genis- Laval
(dénomination erronée au Cadastre de 1822 ; en réalité "de Luppé", du
nom de la propriétaire, Mme Mayol de Luppé) et, lorsque M. Serres meurt, en
1850, c'est précisément la propriété de Saint-Genis qui échoit en héritage à sa
fille Julie.
Elle
n'en profitera pas longtemps, car elle meurt prématurément en 1851 à l'âge de
36 ans, laissant deux fils. Mais entre-temps, Amand Chaurand est devenu un
passionné de botanique et d'horticulture, et le "clos" qui portera
désormais son nom va connaître pendant une trentaine d'années un développement
considérable: il fera tracer de nouvelles allées, essayer de nouvelles
cultures, fera venir des arbres exotiques rares, planter des orangers, des
mûriers, avec l'idée de pratiquer l'élevage des vers à soie comme dans son
domaine de Payzac, etc... Le Clos Chaurand va devenir une sorte de ferme modèle
et recevoir de nombreuses visites de spécialistes, et son propriétaire
deviendra même Président de la Société d'Horti- culture du Rhône.
Parallèlement,
Chaurand s'intéresse à la vie politique. Malgré la guerre, des élections
municipales ont lieu normalement le 6 août 1870 : il a fait acte de candidature
et recueille 355 voix sur 455 votants, mais les événements nationaux
entraînent la dissolution de toutes les assemblées représentatives. De
nouvelles élections ont lieu en janvier 1871 : le baron Chaurand est élu
député de l'Ardèche à l'Assemblée Nationale, où il va être considéré comme le
" député modèle" en raison de son assiduité aux séances...
En même temps, il a été
réélu au Conseil Municipal de Saint-Genis et, bien qu'étant absent de la commune,
il va être élu maire de notre cité. Ille demeurera quatre ans seulement: aux
élections de 1876, son mandat de député de l'Ardèche ne lui sera pas renouvelé
et, peut-être déçu par la politique, il abandonnera le Conseil de Saint-Genis
pour se consacrer à son "clos".
En 1872, il s'est remarié
à Athénais Malot, elle-même veuve, Française bien que née à La Nouvelle Orléans
en 1827. Ils vont vivre dix années ensemble, le plus souvent à Saint-Genis,
mais Athénais meurt en 1882 et, pour la seconde fois, le baron demeure seul. Il
semble qu'à partir de cette époque, il ait plus ou moins abandonné le clos à
son second fils, mais celui-ci ne s'y intéresse guère et, lorsque son père
mourra, le 11 octobre 1896, il vendra la propriété aux Frères Maristes.
Le
baron Chaurand était Commandeur de l'Ordre de Pie IX, et l'abbé Yachet dans son
livre "Nos Lyonnais d'hier: 1831-1910" termine ainsi sa
biographie: « Toute sa vie, il resta l'homme bienfaisant et généreux qu'il fut dans sa jeunesse ».
A la Révolution,
l'ancien "fief de la Verrière" disparaît et devient bien
national: le domaine va connaître plusieurs propriétaires successifs. En 1827,
M. Serres, négociant lyonnais, l'achète à Mme Mayol de Luppé et, à sa mort en
1850, il échoit à sa fille, Julie Serres, qui a épousé en 1840 le jeune avocat
ardéchois Amand Chaurand : ainsi,
le "Clos Delupée" (sic- Cadastre de 18221 va devenir le "Clos Chaurand" et connaître un développement important sur le plan agricole (cI: ci-après la notice relative au Baron Chaurand).
le "Clos Delupée" (sic- Cadastre de 18221 va devenir le "Clos Chaurand" et connaître un développement important sur le plan agricole (cI: ci-après la notice relative au Baron Chaurand).
En 1896, le clos
qui n'intéresse guère le fils du baron est acquis par les Frères Maristes qui
vont le consacrer à la culture des plantes aromatiques utilisées dans la
fabrication de leur célèbre" Arquebuse".
1902/1903 : les
lois anti-congréganistes obligent les Maristes à partir s'installer en Italie,
le domaine est confisqué par l'Etat, l'ancienne maison de la Verrière est
démolie, le clos est morcelé, transformé en lotissement. Il aurait alors été
racheté par le baron Chaurand (fils qui décida ensuite de le revendre par
petites parcelles, à condition que chaque acquéreur fasse un don à l'Eglise,
sous peine d'excommunication, c'est du moins ce qui nous a été affirmé sans que
nous ayons eu l'opportunité de le vérifier.
Quoi qu'il
en soit, le Clos Chaurand va devenir pendant un demi-siècle une pomme de
discorde entre les "usagers", nouveaux propriétaires, et la
Municipalité qui refuse de le reconnaître comme un lotissement régu- lier et
n'accepte pas de prendre en charge l'établissement d'une viabilité correcte.
A la
réunion du Conseil Municipal du 19 avril 1925 : « M. le Maire fait part au
Conseil que des observations lui ont été faites relativement à la création de
rues nouvelles dans le Clos du Baron Chaurand sans que le lotisseur ait procédé
à aucune des formalités prévues par les lois du 19 juillet 1924 et du 14 mars
1919.
Le Conseil:
- considérant que
la loi du 19 juillet 1924 (art. 111 est applicable aux Associations, Sociétés,
particuliers ou Etablissements publics qui entreprennent ou poursuivent des
lotissements;
- que le
lotissement du Clos du Baron Chaurand est en cours; - demande à l'Administration
d'inviter le lotisseur de ce clos à obtenir les autorisations nécessaires pour
poursuivre ces opérations ».
A la
réunion du 22 novembre, le Conseil examine une réclamation des habitants du
clos. Le lotissement se poursuit, bien que non régularisé, et les rues ouvertes
ne sont pas mises en état de viabilité.
Au début, les
constructions étaient très modestes, voire de simples "cabanes", puis
des maisons en pierre apparurent, résidences secondaires avant la lettre ou
même résidences principales.
Le 12 août 1928, le
Conseil décide« l'établissement d'une ligne à quatre fils avenue de la
Verrière» pour l'électrification du Clos Chaurand, mais la polémique va
cependant se poursuivre pendant de nombreuses années au sujet de la voirie.
Un
"usager" qui signe "Un indigène du Clos Chaurand" écrit à
son journal: « A Saint-Genis-Laval existe, depuis plus de trente ans, un clos de
mal-lotis appelé Clos Chaurand... 200 petits propriétaires y habitent... Les
chemins sont mauvais, insalubres et, détrempés par les pluies, ils deviennent
presque impraticables. Les eaux ménagères y stagnent...il faut que cela chang,
il est temps que soit assurée la viabilité de notre clos ».
Et un autre: « Ce
clos, d'une superficie de 50 hectares, est... le plus beau de
Saint-Genis-Laval. De beaux jardins et de coquettes petites maisons ouvrières
bien entretenues en font l'ornement. Mais il reste un clos de mal lotis, les
chemins sont impraticables...
Les ménagères montant au bourg risquent, à tout
instant, des entorses aux pieds dans les rigoles creusées par l'écoulement des
eaux. Cependant, les chemins sont tracés et attendent leur viabilité, l'avenue
centrale a 12 mètres de largeur qu'on appelle avenue de la Verrière .Mais ne
demeure qu'un chemin de terre...
Cela
devient de l'incurie...il faut que cela change» (15 novembre 1956). Pour
discuter de leurs problèmes, les "usagers" se réunissent au Café
Schaub, rue de la Paix, aujourd'hui disparu, et, le 31 mars 1957, créent pour
défendre leurs intérêts l'" Association Syndicale pour l'aménagement du
Lotissement défectueux du Clos Chaurand".
Finalement, le
conflit s'apaise: le 7 juillet 1957, le Conseil Municipal examine un
avant-projet d'aménagement établi par le Service des Ponts et Chaussées et, à
l'unanimité:
- « donne avis
favorable à l'avant-projet tel qu'il est présenté par le Service des Ponts et
Chaussées;
- « décide
d'accorder tout l'appui possible à sa réalisation:
- « donne
pouvoir à M. le Maire pour représenter la commune auprès de l'Association... et
étudier, en accord avec les syndics de cette association, tous les moyens et
procédures de nature à assurer l'aménagement du lotissement ».
L'année suivante,
en sa séance du 20 juillet, le Conseil adopte la déclaration complémentaire
suivante:
« La
commune fait son affaire et reste maîtresse de l'œuvre en ce qui concerne
l'exécution des travaux nécessaires sous le D 93 et le chemin Pitiot ; entend
accorder ainsi sa contribution et sa participation à l'aménagement de ce
lotissement défectueux ».
« L'assainissement
et la mise en viabilité des voies privées du lotisse- ment, représentant 36
millions de travaux, pourront seuls bénéficier d'une subvention de l'Etat ».
Les problèmes de
voirie ne sont jamais définitivement résolus, mais il semble tout de même qu'en
1986, la Concorde, la Solidarité et la Paix règnent au Clos Chaurand, et pas
seulement sur les plaques indicatrices des rues...
Nous signalerons encore, à titre folklorique, la "Commune Libre des Clos Chaurand et Rival", une association de joyeux fêtards « qui cultivaient la dive bouteille et le canular» et qui eut son heure de popularité dans les années 1947/48. Nous reproduisons une photographie qui nous les mon- tre défilant au cours d'une fête organisée dans les rues du quartier de Mont- chat à Lyon.
Rue
Baron CHAURAND 550m-Ill.12-j13
Cette rue, créée lors du morcellement du Clos Chaurand, relie la rue
Cette rue, créée lors du morcellement du Clos Chaurand, relie la rue
des Collonges à la
rue de la Paix, parallèlement à l'avenue des Belges. Sa dénomination fut
décidée par le Conseil Municipal le 5 décembre 1918 :
« la rue
nouvellement créée à l'angle du chemin des Collonges et du chemin Pitiot
(devenu depuis rue Professeur Bonnet) devient RUE BARON CHAURAND ». Tantôt rue,
tantôt avenue, suivant la fantaisie des plaques indicatrices!
Rue de la PISCINE
170 m - J12 - 1 12
Une des
rues nées du lotissement du Clos Chaurand. Elle conduit de la route d'Irigny à
la rue du Baron Chaurand et semble correspondre à l'une des allées de l'ancien
fief de la Verrière.
A l'époque où le
Clos Chaurand appartenait aux Frères Maristes, il y avait effectivement une
piscine à l'angle de la rue actuelle et de la route d'Irigny : un ancien de
Saint-Genis nous a déclaré s'y être baigné plusieurs fois, et il en subsiste
des éléments parfaitement reconnaissables sous la terrasse du jardin situé sur
cet emplacement. En effet, elle a été comblée lors du lotissement du clos, et
certains de ses éléments auraient servi à la construction du mur de soutènement
de la propriété Gonnet.
Ainsi,
paradoxalement, Saint-Genis n'a plus de piscine, mais une de ses rues en garde
néanmoins le souvenir et, qui sait, l'espoir d'en voir naître une nouvelle un
jour?
Il Y eut aussi,
dans le domaine de la Verrière qui précéda le Clos Chaurand dans l'histoire, un
nymphée lui aussi disparu.
Rue de
la CONCORDE 200 m - 1 12 - J12
Une des rues nées
du lotissement de l'ancien Clos Chaurand, allant de la route d'Irigny à la rue
du Baron Chaurand. Son nom lui a vraisemblablement été donné par l'Association
syndicale des propriétaires du lotissement, alors qu'elle était une simple voie
privée. Peut-être a-t-il été con- sacré seulement par l'usage et par les
plaques indicatrices, car nous n'avons pas retrouvé la délibération du Conseil
Municipal qui l'aurait officialisé ici: la notice concernant le Clos
Chaurand.
Rue de la PAIX 380 m - K13 - J13
Rue du Clos
Chaurand débutant route d'Irigny, traversant l'avenue des Belges et se
terminant en impasse contre le mur de soutènement du lotissement des Tilleuls.
Ex-rue
de la Fraternité. Il existait, depuis
le 5 décembre 1918, une autre rue de la Fraternité qui existe toujours. Pour
"éviter la confusion", le Conseil Municipal, en sa séance du 7 janvier
1962, décida,'« avec l'assentiment de l'Association Syndicale des usagers du
Clos Chaurand », sur pro- position de M, Lyonnet, de dénommer la dernière venue
rue de la Paix,
L'actuelle
rue Louis Archer avait également porté le nom de rue de la Paix du 5 décembre
1918 au 2 février 1941 (voir notice suivante),
A remarquer: - - au
n° 16, une maison fermée dont un mur porte une enseigne de café encore lisible;
c'était le fameux café Schaub où se réunissaient les « Imal-lotis » (sic)
du Clos Chaurand ;
- à
l'emplacement du n° 35, un pré où l'on peut encore voir parfois des moutons
paissant paisiblement, comme pour justifier le nom donné à la rue!
Rue de
la SOLIDARITÉ 260 m - J12.13
Avec les rues de la
Concorde et de la Paix (précédemment de la Fraternité!, auxquelles il convient
d'ajouter la rue de la Piscine, c'est l'une des voies du lotissement de
l'ancien Clos Chaurand qui vont de la route d'Irigny à la rue du Baron Chaurand
en traversant l'avenue des Belges.
De même que
les trois autres, c'était à l'origine une voie privée, et son nom lui a sans
doute été donné par l'Association Syndicale des usagers du lotissement. Lorsque
ces rues ont été intégrées à la voirie municipale, leur nom, consacré par
l'usage, a dû être entériné de fait, sans avoir fait l'objet d'une décision
officielle, du moins n'en avons-nous pas trouvé trace dans les procès-verbaux
des délibérations du Conseil Municipal.
Avenue
des BELGES 550 m - 1 Il.12 -J12.13
Ex-avenue
de la Verrière. C'est l'une des voies
rectilignes du Clos Chau- rand: elle descend de la rue des Collonges à la rue
de la Paix. Sans doute réalisée dans les années 30/35, époque du lotissement du
Clos; il semble, si l'on se réfère à l'Atlas de 1787, qu'on ait utilisé le
tracé d'une ancienne allée du domaine, comme d'ailleurs pour les autres rues du
lotissement.
Elle porta
d'abord le nom de l'ancien fief de la Verrière, mais, le 7 janvier 1962, le
Conseil Municipal, « avec l'assentiment de l'Association syndicale des usagers
du Clos Chaurand », adopta la nouvelle appellation d'avenue des Belges, afin« d'éviter
la confusion avec l'impasse de la Verrière» qui existe toujours. Le P. V. de
délibération du Conseil n'indique
pas le
motif du choix de ce nom, mais il est évidemment lié au souvenir de la guerre
de 1914-18, demeuré très vivace parmi les anciens de Saint- Genis. Il commémore
l'attitude courageuse de la Belgique et de son roi durant le premier conflit
mondial. De nombreuses villes l'ont célébrée de la même manière, ainsi Lyon
avec son boulevard des Belges.
A cet
égard, il y a lieu de rappeler un monument de notre cimetière, où sont inhumés
les restes de 911 soldats morts dans les hôpitaux de Saint- Genis des suites de
leurs blessures. Parmi eux, de nombreux Belges dont une plaque apposée à la
base du monument évoque la mémoire.
Signalons
quelques curiosités de la rue:
- Au n° 36, un
petit pavillon rouge aux volets clos depuis longtemps, curieusement dénommé
"La Chifonet", et au 43 la villa 'lEI Botijo" qui ne
ressemble pourtant pas à une cruche espagnole! [La Chifonet, agrandie et
transformée, vient de perdre son nom tout récemment}.
- Au n° 26,
la I »Villa des Muses » qui, sans être le rendez-vous des
Arts et des Lettres, n'en évoque pas moins les neuf déesses de la mythologie
grecque par un bas-relief apposé sur sa façade.
- Enfin au
n° 31, une villa derrière laquelle vous aurez la surprise d'apercevoir un
bananier poussant en pleine terre, s'il n'a pas gelé l'hiver dernier. Ne vous
attendez cependant pas à le voir porter des bananes! [Dis- paru, lui aussi,
tout récemment, comme la Chifonet}.
Extraits
de « RUE ST GENOISES « par
Georges GAVOT ( ASPAL )
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